Tout l’Open space confiné FORHUMAN s’est passé le dernier numéro de Psychomag® qui porte le titre si peu racoleur de « votre boss est un pervers. Faites le test ! ». Après moult réunions enflammées à discuter de l’évaluation, il ressort que le Boss aurait un nombre de triangles plus important que d’étoiles : « Il est là, au sommet de la Hiérarchie, pervers, tranquille, pépère. Et nous, on n’a rien vu ! ».
Au-delà du fait qu’il est bon de garder en tête que faire un diagnostic est chose assez complexe qui justifie les nombreuses heures passées à traîner nos guêtres sur les bancs de l’université, il faut savoir qu’il est difficile de repérer la perversion… d’abord parce qu’elle est trop proche de la norme que nous attribuerions volontiers au bon névrosé.
Le pervers se dissimule donc derrière un masque lisse et sans soupçon. Il vous ressemble à vous monsieur, mais aussi à vous madame, mais à moi également. Ce n’est donc pas par là que l’on va arriver à en savoir davantage.
Freud (pensées pour lui) disait que le pervers était le négatif de la névrose. En gros, les deux se touchent, mais se distinguent par de petites nuances. L’une d’entre elles concerne la manière de lire les situations et d’en tirer profit.
Imaginez que vous vous disputiez avec l’un de vos collègues au travail et que vous finissiez par l’insulter avec force de mots qui ont échappé à votre retenue habituelle. Vous rentrez chez vous. Vous finissez par culpabiliser. Vous cherchez à vous faire pardonner en vous plongeant dans la bible ou en vous fouettant, c’est selon. Et le lendemain vous arrivez au travail en vous excusant à grand renfort de chouquettes. Là, c’est la névrose. Bienvenue chez moi !
Le pervers fait la même chose sauf qu’une fois rentré chez lui il se dit : « hum, c’était bon ça. Demain, je recommence [quitte à dissimuler son excitation en achetant lui aussi des chouquettes afin de feindre le remords]. Bref, le pervers prend du plaisir là où le bon névrosé va ressentir de la culpabilité.
Gardez en tête également que la perversion se lit dans nos propres contre-attitudes ou ressentis. Il faut donc bien se connaître pour identifier ce qui a été perturbé lors de notre confrontation à une personnalité perverse. En général, cela laisse des traces : se sentir floué, sali, perdu, balloté, sans prise, mal à l’aise, séduit étonnamment…
Ça fait deux triangles en plus pour le boss. On est mal barré !
*Photo by M.T ElGassier on Unsplash